Article de Thierry Grillet, journaliste

Article paru dans le journal "L'Indépendant" du 5 Septembre 2021

L’entrée en gare

Dernier arrêt à la station. À l’entrée à gauche du premier rond-point qui ouvre sur le village de Cases-de-Pène, l’ancienne gare de la ligne Perpignan Carcassonne, inaugurée en 1903, regarde pousser les mauvaises herbes entre les voies qui ne portent plus que le train rouge du Fenouillède. Dernier vestige d’un temps où les locomotives ne se faisaient pas damer le pion par des convois de camions crachant leurs particules fines sur les autoroutes du soleil. Les voies sont là, et n’attendent plus que l’amorce politique de cette si fameuse économie verte, – anachronisme économique difficilement pérenne s’il en est – pour être pleinement réactivées. Cette ancienne gare, rachetée et transformée par le sculpteur Félix Valdelièvre, reprend un souffle de vie en abritant son atelier aux sculptures monumentales. Un bel avenir pour cet endroit en prise directe avec l’histoire ferroviaire du village.

L’âge du fer

Sa sculpture ne s’est pas faite en un jour. D’autant plus que Valdelièvre fait dans le monumental. Pour cet Audois, né en 1979 à Roquefort-des-Corbières et qui a grandi dans un milieu artistique où son père pratiquait le noble et beau métier de lithographe, les odeurs d’encre, les frottements des pierres lithographiques l’on nourrit. Un bac scientifique plus tard, le besoin d’arrêter les études et de passer à une formation de plombier chauffagiste est apparu. À ses 20 ans, la fusion de la matière métal dû à l’attaque au chalumeau, produisit en lui une lumière quasi mystique. Une année chez son oncle pour apprendre les bases du métier de plombier, et l’envie de création sur fer, l’enleva à cette routine. C’est en autodidacte que Félix Valdelièvre se lança dans cette bataille de l’âge du fer. Il commença à tordre, plier, souder les plaques de fer pour se faire la main sur du mobilier, puis dériva sur un bestiaire imaginaire de petites sculptures. Cela a engendré ses futurs thématiques, dont la principale est cette forme oblongue, symbolisant une chrysalide, étape intermédiaire entre la genèse et le devenir.

Félix Valdelièvre, devant la facade rénovée de l'ancienne gare de Cases-de-Pène - Photographie de Thierry Grillet

En 2007, il s’installe avec sa petite famille à Cases-de-Pène. Une pièce exiguë lui sert de premier atelier. Peu éclairé et soumis au voisinage, les bruits de disqueuse dans ce laboratoire du descendant de Vulcain, n’amenaient pas que de la sympathie. Surtout, que le travail d’épure et de format géant s’accroissait de jour en jour. Fallait penser à s’agrandir. Cette gare à l’abandon, squattée, taguée par des névrotiques de la bombe et quasiment à ciel ouvert, n’attendait plus qu’un aventurier repreneur, prêt à tout rénover, avant d’en faire un atelier digne de son œuvre.

A l’entrée de Cases-de-Pène, mais bizarrement sur le territoire de la voisine Espira, ce fut pourtant de haute lutte que Félix pût acheter ce bâtit à l’abandon. Le trafic de voyageurs prit fin entre les deux guerres, et l’état général dévoilait le passage des rides du temps. Toiture défoncée, plancher vermoulu, infiltrations diverses, ouvertures murées... Les trois confinements n’auront pas été vains pour Félix. Il en sort épuisé par la rénovation du lieu. Ce qu’il a accompli reste extraordinaire. Les deux tiers de la gare sont entièrement refaits, pour cet amoureux des vieilles pierres et du patrimoine, une grande partie de son rêve est accompli. Il peut faire du bruit sans effrayer le voisinage, entreposer ses sculptures dans ce futur show room en bordure de voie ferré, que vous pourrez bientôt visiter sur rdv.

C’est bien connu, l’art, surtout aux prémices ne nourrit pas son homme. Félix apprit aussi la serrurerie et la ferronnerie, activité complémentaire qui lui permit pendant quelques années de sortir un salaire. Il a des signes encourageants depuis 2010. Les appels de certaines galeries, de lieux d’expositions prestigieux comme le Grand Palais à Paris, le Château de Bosc, le Château Royal de Collioure, l’expo International de sculpture aux jardins d’Étretat, le Parc floral de Vincennes et la galerie Brighton au Royaume-Uni sont là pour l’attester. Félix, présentement, travaille sur deux ou trois commandes, dont une pour la mairie de Cases-de-Pène, signe d’une reconnaissance plus que mérité. Le sceau de Vulcain ?

 

Article et photographies de Thierry Grillet

Journal l'Indépendant du 5 Septembre 2021

Ils ont été touchés par ses sculptures

Dernier arrêt à la station. À l’entrée à gauche du premier rond-point qui ouvre sur le village de Cases-de-Pène, l’ancienne gare de la ligne Perpignan Carcassonne, inaugurée en 1903, regarde pousser les mauvaises herbes entre les voies qui ne portent plus que le train rouge du Fenouillède...

Suite de l'article de Thierry Grillet


 
 








 

Au commencement était la matière. Et la matière parut stable et pérenne à l’homme. Et l’homme vit alors qu’elle pouvait néanmoins changer d’état selon son désir. Et l’homme émerveillé découvrit la fusion.

Suite de l'article d'Alessandra Monachesi Ribeiro

Sculpteur, Felix Valdelièvre travaille la matière pour donner dans un premier temps forme à un bestiaire, piafs et bestioles, déjà dans une recherche d'une épure, et non sans un brin d'humour.

Suite de l'article de Rémy Soual

Il ressemble à ses sculptures. Ou vice versa. Grand, raciné comme les arbres vers le ciel. Harmonieux. Ses sculptures, je les ai découvertes au Somail, dans un printemps en attente de l'odeur rude des cyprès, celle enivrante des pins, un printemps vert de belle saison...

Suite de l'article de Simone Salgas

Au début l'artisan veut prouver qu'il sait faire, il adopte un style figuratif. Mais très vite l'imagination prend le pouvoir, et, la maîtrise parfaite de l'outil permettant toutes les audaces, l'artiste se révèle, et nous régale de purs joyaux d'équilibre et de technique, véritables pépites de sculpture.

Suite du texte de Dominique Coutelle

C'est en débutant une formation de plombier-chauffagiste que Félix Valdelièvre a - pour ainsi dire - croisé le fer pour la première fois, en 1999. Aussitôt séduit par l'art de faire fusionner la matière, il s'est lancé dans la sculpture en créant un bestiaire imaginaire très éclectique (terrestre, aquatique et volant).

Suite du texte de Romain Jalabert

Il se serait bien gardé de prendre cette affirmation au sérieux lorsqu’il y a quelques années, fort de sa fraîche formation aux techniques de chaudronnerie et sans intention particulière, il se prenait à jouer avec des chutes de métal, proposant des objets mêlant plaisir, curiosité technique, jeu esthétique avec ou sans finalité.

Lire la suite du texte de Pierre Robinault

 

Félix Valdelièvre, tel un titan têtu forge le fer, l'organise dans l'espace par des distorsions harmonieuses, clin d'œil à Tatline, puis caresse le métal formé de ses patines veloutées.

Articles à propos de Félix Valdelièvre